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  • : Le blog de alain callès
  • : Articles et poésies. Point de rencontre pour les amoureux des mots et de leurs couleurs.
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  • alain Callès
  • Publication de livres. "éclats de verre" préfacé et porté en scène par Claude Confortès. "Lettres au plus proche du feu" préfacé par Didier Daeninckx et illustré par Claude Gaisne. Des articles sur différents thèmes, de poésies (notamment
  • Publication de livres. "éclats de verre" préfacé et porté en scène par Claude Confortès. "Lettres au plus proche du feu" préfacé par Didier Daeninckx et illustré par Claude Gaisne. Des articles sur différents thèmes, de poésies (notamment

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LE CRI DU COQUELICOT À SA COQUELICOTE

 

Coeur noir, pétales rouges et tige verte pour pousser en bandes inorganisées parmi les régiments de blé et égayer les friches délaissées.

A peine cueilli, l'éphémère se fripe, réfractaire à toute domestication.

D 'un pétale flou, le coquelicot nargue l'alignement du paysan d'agriculture intensive, ce laboureur-lamineur de la pensée. Il s'immisce dans les rangs organisés de céréales.

 

Fleur des marges, il redresse la tête dans les ornières et souligne d'un sourire rouge les bords de route, comme des lèvres au bord du plaisir, toujours prêt pour un départ vers d'autres lieux, vers d'autres cieux, vers des libertés retrouvées.

 

Sucrerie au coquelicot, cet ami des enfants adoucit leurs rêves en bonbons éclatant de vie. Il en colorie de rouge le visage, le temps que le sucre fonde lentement, doucement, le long de la gorge. Douceur pour le temps de rêver en suçant le bonbon au coquelicot.

 

Jupe toujours un peu froissée, comme au sortir d'une sieste un peu sauvage, cette fleur retournée offre son intérieur. Noir au dedans, rouge au dehors, souriant de toutes ses dents aux caresses du vent. Cils chatoyants ouverts au fugace dans la profondeur du silence intérieur. Cils comme une feuille d'humour lovée au chaud dans l'entrejambe du désir. Coquelicot haut perché sur des jambes gainées de plaisir, coquelicot en soie végétale tendue sous l'aiguille du temps. Le temps du cri du coquelicot à sa coquelicote.

Le coquelicot ne sert à rien dites-vous.

Certes, à part des bonbons et des couleurs, il est tâche dans l'uniformité. La multitude des taches embellit vos champs. Il est le sourire de la nature qui émerge là où on ne l'attend pas. Il pousse au sein même du cœur d'idéalistes, tout à l'intérieur, là où germent les idées de vous foutre sur la margoulette et d'inventer des champs qui résonnent comme des chants dans les têtes. Aux armes et aux sarcasmes pour le temps des fleurs oubliées, et des pleurs rabotés sur la mémoire des chants oubliés.

Voyez-vous cette horde de coquelicots, bras dessus bras dessous avec des herbes folles et quelques fleurs de pavot, qui part gaiment sur un air de folie en tête, défilant dans un désordre bon enfant sous le regard réprobateur des platebandes de pavillon en ciment et en berne dont l'anorexie leur dévore le ventre?

Voyez-vous cet espoir rouge, cœur bordé de mascara qui fait de l'œil à vos filles? Allez, viens-la ma belle, que je t'empétale et que je te pistile l'anathème.

 

Parfum de bonbon, parfum d'histoire enfouie pour des fleurs au fusil alors que détonnent des chants d'amour et que des guirlandes de rêves s'éprennent au sourire du désir et d'une sensualité dévorante.

 

Quand le coquelicot prend sa coquelicote, ça fricote dans les têtes, le soleil pose un voile pudique sur ses rayons, l'herbe se froisse et cligne des yeux.

Quelques instants de vitesse incontrôlée et des petits coquelicots rayonnent de toutes leurs dents!

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